Coudrier

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La vespéralité

Comment réussir à se concentrer avant midi ? Ou même avant 16h30, quand les collègues commencent enfin à quitter le bureau. Cette question que je me suis posée sous de nombreuses formes reste sans réponse. J’en reviens souvent à imaginer, ma journée parfaite. Celle que j’arrive à vivre quand je n’ai pas à me conformer aux normes sociétales. Ces journées fabuleuses qui me ressourcent le corps et l’esprit, durant lesquelles j’ai vraiment le sentiment de vivre pleinement.

Avant le milieu de la matinée, mon cerveau ne réclame qu’à retourner au confort ouaté du sommeil où mon imagination n’est plus soumise qu’a elle-même.

Après cela, le besoin de bouger, de trier, d’organiser, de ranger se fait sentir. Prendre doucement contact avec le monde tangible, habiter son corps pour une journée de plus, toucher son environnement, ré-expérimenter à nouveau l’impact que l’on peut y avoir, se réapproprier son espace. J’ai faim ! Tout ce ménage ça creuse.

Se faire un repas simple, roboratif, manger au calme, admirer le jardin, manger au soleil si le ciel est dégagé. Empêcher le chat de voler notre pitance et lui extorquer des câlins.

La meilleure partie de la journée commence. Celle où l’énergie afflue. Tout est possible, tout est faisable. Le corps est actif, l’esprit éveillé. On se sent presque normal. Jusqu’à ce que la luminosité naturelle diminue, on se sent prêt à dévorer le monde.

Puis vient le soir. Les ombres s’étirent, les petits prédateurs crépusculaires s’activent et le cerveau de l’hyperactif vespéral enclenche son ultime vitesse. Avec la pénombre, le corps s’apaise, et l’esprit s’enflamme. La concentration est à son paroxysme, le monde n’existe plus, seul l’objectif compte. Moment grisant d’efficacité intellectuelle, la soirée, pendant quelques heures, est un baume salvateur à l’estime de soi en demi-teinte. Qu’importe le résultat, qui bien souvent est présent, l’adrénaline submerge les sens.

Enfin, quand le moteur cérébral redescend dans les tours et que le corps réclame à nouveau du carburant, la détente parait méritée. Il fait nuit, les petits prédateurs s’invitent sur votre giron, quel sentiment d’apaisement ! On se sent accompli, un brin fourbu. L’esprit laisse gracieusement l’espace à la sensualité pour s’étirer. Les sens pleinement en éveil goûtent avec délice ce qu’ils perçoivent. Jusqu’à se glisser paisiblement dans les draps, où l’esprit pourra s’envoler une fois de plus.

Bien sûr tous les jours ne se ressemblent pas. Il y a bien souvent des contraintes, des plaisirs aussi, qui rompent la monotonie par la présence chaleureuse de ceux que l’on aiment. Et puis quelque part, ce qui rend ces jours de repos si précieux, c’est aussi leur contraste avec les jours plus difficiles, où l’on fait des efforts pour gagner le droit de se reposer.



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