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Survivre aux fêtes de Noël

Chaque année, fin décembre, l’Europe mais aussi une bonne partie du monde connu fête noël.

D’abord rassemblement païen au solstice d’hivers, elle s’est transformée en célébration chrétienne servant le double emploi de supplanter la précédente injonction sociale et de célébrer la naissance d’un personnage historico-mythique. Depuis plusieurs décennies, une tradition plus mercantile s’est immiscée dans les foyers et prends ses aises : manger gras et s’offrir des cadeaux.

Noël, s’est l’occasion « de se faire plaisir ». Alors bien sûr tout cela n’est pas apparu du néant et n’est qu’une évolution organique moderne du besoin des mammifères sociaux diurne à se tenir chaud quand il fait froid et sombre dehors. On se retrouve donc en famille (ou autre) pour se remplir la panse de tout un tas de mets lourds et chers, servis en grande quantité après une préparation élaborée et dans une décor très intentionnel. Plus ça coûte du temps, de l’argent et de l’énergie, mieux c’est ! Le reste de l’année « on fait attention » (sauf pour les autres célébrations disséminées au fil des mois) mais là, j’insiste « on se fait plaisir ! ». Plus qu’une idée générale, c’est un mot d’ordre péremptoire !

Déjà, la question que je me pose est la suivante : comment les riches se font-ils plaisir ? Parce que nous autre plébéiens instituons pratiquement de faire un emprunt à la banque pour décorer la maison, garnir la table et couvrir le sol sous le sapin, mais eux ? Comment l’excès gastronomique peut-il bien se traduire chez des gens mangeant à l’Ultraviolet sans regarder les prix ? J’aimerai avoir la réponse à cette question parce que je me la pose réellement…

Ensuite, Noël, comme le football, à tendance à diviser la populace en deux grandes catégories : ceux qui aiment et ceux qui aiment pas. Si vous avez atterri ici, fort est à parier que vous appartenez à la seconde catégorie.

Alors si les émulation de début d’hivers ne sont pas trop à votre goût, demandons-nous : est-ce vraiment nécessaire de fêter noël ? Sans grand suspense, la réponse est non. Il n’est pas nécessaire de fêter Noël. On peut même très bien vivre sans. Si un jour vous avez la chance inouïe de ne pas fêter Noël, vous constaterez même que le plus grand risque afférant à s’extraire des fêtes de fin d’année est de se sentir seul. On a connu menace plus inquiétante.

Remédier à la solitude, surtout en ce temps d’injonction à la sociabilisation est fort simple : retrouvez d’autres gens pour ne pas fêter Noël ! Invitez-les chez vous ou faites-vous inviter chez eux, allez au restaurant (dans la mesure de vos moyens), au bar, en boite, au musée, à la salle de sport, au parc, n’importe où avec des gens. Et faites la fête. Mais attention, pas Noël ! Juste faites la fête, comme ça, tout simplement, pour le plaisir d’être ensemble, sans pression (je ne parle pas de supprimer la bière, vous l’aurez compris).

Sauf que voila, vous, c’est raté, vous devez fêter Noël. Vous avez certainement une famille, voire même deux si vous êtes en couple, voire plus si affinité.

Première option : ça ne pas pas durer longtemps. Vous allez pour la journée chez autrui ou vous recevez pour la journée et le lendemain vous revenez à votre quotidien avec plus ou moins de séquelles. C’est encore le scénario le plus simple à améliorer.

Tout d’abord les cadeaux. Il va falloir vous y prendre un peu en avance mais voyez si il ne serait pas possible de limiter le budget et la quantité de présents à acheter. Voyez même si il ne serait pas possible de circonvenir entièrement le processus. Plutôt que d’offrir des trucs nuls et de recevoir des machins nuls, demandez à tous ceux qui doivent recevoir des cadeaux de faire une liste et choisissez dedans.

Si vous aimez les cadeaux, écrivez une liste p****n ! Vous aimez les recevoir mais ceux qui vous les offrent détestent peut-être en offrir. Facilitez leur la tâche et épargnez-vous des déceptions.

Ensuite, le repas. Rien ne vous oblige à manger de tout, ou à boire sans soif. Si ça vous fait plaisir tant mieux, mais si ça vous gonfle de manger pour la Xème fois la dinde farcie de tatie avec sa sauce aux airelles, vous pouvez faire l’impasse. D’autant plus si vous vous forcez pour ensuite vous rendre malade. Si c’est vous qui cuisinez, faites des plats que vous aimez. Et si les autres tordent du nez dessus, ils n’ont qu’a ne pas en manger ou cuisiner eux même.

Parenthèse sur les discutions gênantes. Soyez honnête, vous ne les redoutez pas qu’a noël, c’est à chaque fois que vous voyez votre famille. Sinon vous ne vous poseriez même pas la question de comment les éviter. La réponse est simple : la cire dans le conduit auditif ou les écouteurs insonorisés. Vous pouvez combiner les deux en écoutant très fort de la musique tout en insérant les bougies posées sur la table dans votre voisin de table pour stopper sa logorrhée. Vous verrez ça changera efficacement le sujet de conversation.

Enfin la déco. Et j’inclue le style vestimentaire dans le « bon goût » général. Si enrubanner votre maison avec des rouleaux de PQ rouge fluo ou la rendre dangereuse pour tout les épileptiques dans une rayon de deux kilomètres n’a pas votre préférence, ne le faite pas. Si vous allez chez les autres, mettez des lunettes de soudeur. Avec un style urban postmoderne ça passera nickel, et un casque anti-bruit donnera encore plus de caractère à votre accoutrement.

Et pour les vêtements c’est pareil. Si devoir acheter une nouvelle nippe inconfortable qui va ensuite prendre la poussière au fond du placard pendant plusieurs années avant d’être donnée à Emmaüs vous enchante autant que de vous fouetter les partie intimes avec des orties, évitez. Mettez des vêtements que vous aimez, dans lesquels vous vous sentez bien et en confiance. Petite astuce, choisissez-en qui ne serrent pas trop le ventre afin de reprendre éventuellement une part de votre plat préféré.

Vous commencez à le comprendre, mes conseils tournent globalement autour d’une idée simple : ne vous forcez pas.

Hélas, malheur, damnation et chants de cœur, vous vivez l’option 2 ! ça va durer longtemps. Vous allez vivre cela pendant plusieurs jours. Tout d’abord mes condoléances. Je l’ai vécu, j’y ai survécu , je reconnais la souffrance et l’anxiété dans vos yeux déjà hagard. Vous êtes partis pour être emprisonné plusieurs jours avec d’autres personnes, pour fêter noël. L’horreur ! Halloween, le vrai, c’est fin décembre.

Si ça se passe chez vous… que … pourquoi ? Vous aimez souffrir ? Pourquoi recevoir chez vous si vous n’aimez pas noël ? Je comprends que l’on concède aux obligations familiale et à la pression sociétale mais là c’est le suicider par ingurgitation de calories : douloureux sur le long terme et inefficace. Arrêtez ! Vous allez finir par tuer quelqu’un.

Vous êtes invités. La joie qui émane de votre personne me réchauffe… Je comprends que vous ne souhaitiez pas vous infliger cela chez vous, mais allez s’imposer ça chez autrui pendant plus d’une journée c’est à peine mieux. Sauf que vos parents/belle famille/(insérer groupe adéquat) habite loin… Alors vous prenez sur vous et votre valise pour dormir inconfortablement loin de votre lit douillet.

Commencez par appliquer les conseils de l’option 1, tous les jours. Ensuite, prenez du temps pour vous, tous les jours ! Oui, c’est important. Prenez du temps en solo, loin de cette foule hystérique. Allez marcher, courir, faire des emplettes, ranger le garage, poncer un meuble, une balade à cheval, siester sur un banc public, lire à la bibliothèque ou dans un café, boire un jus au bar, nager à la piscine, qu’importe. Faites chaque jour une activité pour vous, sans les autres. Même les plus extravertis d’entre vous ont besoin de souffler.

Normalement, avec tout cela, vous devriez survivre un peu mieux à noël. Bien sûr, si vous ne vous sentez pas l’implémenter tout ces changement immédiatement, commencez par celui qui vous séduit le plus. Respectez-vous, que diable ! Parce que bon, au final, qu’est-ce qui nous fait vraiment c***r à noël ? Globalement nous aimons faire la fête, mais celle là elle nous gonfle. Et bien, sûrement parce qu’elle s’accompagne de tout un tas de règles absurdes, de traditions débiles désuètes et d’obligations familiales et sociales oppressantes qui transforment ce rassemblement dans la joie en calvaire annuel.

Acceptons de nous retrouver sans excès, que bâfrer du foie gras ne nous rends pas moins pauvre ou malheureux, mais que de se forcer à le faire, oui. Et qui sait, vous pourriez découvrir, en cherchant à lever le voile sur les traditions de noël, que vous êtes loin d’être seul à détester cela, même dans votre famille, pour exactement les même raisons.

Bon courage à tous.

PS : pour ceux d’entre vous qui souhaitent une réflexion plus étoffée et sérieuse, voici un lien vers une émission France Inter
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/comment-survivre-aux-fetes-de-fin-d-annee-3788090



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